Admin a écrit:Comme quoi, la culture Afro est vraiment riche!
Cela ne fait pas le moindre doute, mon ami. L'ennui c'est que cette richesse culturelle s'épuise de jours en jours
. C'est à croire ne nous "n'avons pas notre d'histoire" et qu'enfin, quand nous essaierons de découvrir cette histoire et de la conserver elle aura déjà disparu pour de bon. C'est vraiment inquiétant!
Voici deux articles intéressants sur la richesse de l'art nègre... Les fabuleux sculpteurs antiques de masques Africains font presque partie d'une légende ... pas d'une histoire
L’influence de l’art nègre
La découverte de l’art nègre
En France, Braque joua un rôle déterminant dans la découverte de l’art nègre qui imprégnera tout le cubisme.
Si l’on en croit Apollinaire, ami intime de Picasso, ce dernier en était arrivé à vouloir pénétrer les structures profondes, la « pensée » de l’être - et cela dans une perspective à la fois métaphysique et scientifique. Mais le modèle même de ces « structures profondes » dont on devine qu’elles ne pouvaient émaner que de formes géométriques, Picasso en a brutalement découvert le paradigme réél - et réalisé - dans l’art nègre.
Les premières collections d’ art primitif commencèrent vers 1907. À l’instar du cubisme, dans les années 1920 et 1930, le dadaïsme et le surréalisme furent très sensibles à la beauté primitive. C’est dans les années 1960 que naissent les grandes expositions d’art primitif après que l’« invention » de l’art nègre par les artistes européens eut entraîné un véritable pillage dans les pays concernés... Très vite, des artistes européens annexèrent ces œuvres et appelèrent « privitivisme » toute une branche de l’art moderne... occidental. Mais en Afrique noire, l’artiste ne signe pas et n’a rien à faire du vedettariat. La « star » est partie intégrante de la collectivité et fait la fête avec elle.
A la foire aux antiquités africaines
Au début du XXe siècle, des artistes européens tiennent des propos choquants pour leurs contemporains africains. Séduits par les objets africains qu’exposent les ethnologues, ces sculpteurs, peintres et écrivains parlent d’« art » à propos des créations de peuples alors considérés comme inférieurs. « L’art nègre renferme plus d’idées que l’art grec », affirme le sculpteur Maillol. Vlaminck, Matisse, Apollinaire se mettent à en collectionner. En été 1907, alors que Picasso traîne ses espadrilles dans les couloirs du Musée de l’Homme à Paris, il succombe à la beauté des masques. Son atelier s’enrichit alors de dizaines d’œuvres d’artistes noirs inconnus. Il peint Les Demoiselles d’Avignon, tableau-phare de l’art moderne, après son coup de foudre pour « l’art nègre ». Dès 1920, « l’art nègre » est à la mode. Chez les marchands, il arrive qu’une hache de pierre inuit ou un masque du Pacifique soient présentés comme « nègre », parce que le terme fait vendre. Pour alimenter la soif de « primitif », des missionnaires, des scientifiques et autres voyageurs se procurent sur place des trésors, utilisant l’argent, la ruse, la force. Temps coloniaux révolus ? Pas du tout. Depuis 1990, les antiquités africaines connaissent un succès fou. Le pillage a repris dans toute l’Afrique. Les réseaux de voleurs s’approvisionnent à deux sources. D’une part, ils fouillent sur les sites archéologiques avec la complicité de locaux. Pour un paysan pauvre, pour un chrétien ou un musulman qui a rompu avec la religion animiste, se faire payer l’équivalent d’une récolte pour un petit lopin de terre perdu n’est pas un crime. L’autre source, c’est le vol dans les musées du continent noir. En Occident, les musées se font régulièrement proposer des pièces. Tous ne sont pas scrupuleux au point de demander comment elles ont été acquises. En 1998, Mayando Mukela, vice-président zambien du Conseil international des musées, priait ses collègues occidentaux de « ne pas ajouter d’objets volés à leurs collections ».
Ariane Racine
Art rituel vu par André Malraux
C’est à travers sa sculpture que l’Afrique reprend sa place dans l’esprit des hommes. Cette sculpture, ce sont des signes, on l’a beaucoup dit. Ajoutons pourtant : des signes chargés d’émotion et créateurs d’émotions.
Ce sont aussi des symboles, au sens où l’art roman était un art de symboles.
Ces œuvres sont nées comme des œuvres magiques, nous le savons tous : mais elles sont éprouvées par nous, comme des œuvres esthétiques. On nous dit : par « nous », occidentaux. Je n’en crois rien. Je ne crois pas qu’un seul de mes amis africains : écrivains, poètes, sculpteurs, ressente l’art des masques ou des ancêtres, comme le sculpteur qui a créé ces figures. Je ne crois même pas qu’aucun d’entre nous, Européens, ressente les Rois du portail de Chartres comme le sculpteur qui les a créés.
Un art magique ou sacré, se crée dans un univers dont l’artiste n’est pas maître. Lorsque le monde sacré disparaît, il ne reste de ce qu’il fut, qu’une obscure communion ou une sympathie ; cette sympathie, au sens ethymologique, est très profonde dans l’Afrique entière. Mais les statues de Chartres qu’on appelait les Rois, et qui sont des saints, on les priait, on le admirait pas ; et les Africains qui sculptaient des masques se référaient à une vérité religieuse et non à une qualité esthétique.
Extrait de l’avant propos au catalogue du Musée de Dakar, Témoin de l’art nègre, Ed. NEA -Delroisse
--- "La légende" des fabuleux sculpteurs Africains dont l'art a profondément influencé le travail du vénérable Picasso ----